REPORTAGE
À la ligne est un roman de Joseph Ponthus, l’histoire d’un ouvrier intérimaire dans les conserveries de poissons et les abattoirs. Il inventorie avec précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves. Écrit sans ponctuation, telle une longue litanie.
Michel Cloup Duo et Pascal Bouaziz se sont emparés du texte pour livrer une création entre lecture et chanson, rock et électro. Cette adaptation scénique du livre est une recherche orale de cette humanité, à travers la mélodie, au delà d’un rythme, souvent mécanique, imposé par le travail à la chaîne.
La rencontre entre Michel Cloup, Julien Rufié et Joseph Ponthus, au-delà de la création scénique et musicale autour du roman A la ligne a fait éclore un projet d’action culturelle.
La volonté était de créer des “chansons d’atelier” avec des participant·e·s issu·e·s du champ social (Service EMIL, CHRS Jules Legrand, CHRS Le Safran à Lorient – Sauvegarde 56), accompagné·e·s par Joseph Ponthus pour la partie écriture et par les musiciens Michel Cloup et Julien Rufié pour la partie musicale.
En octobre 2020, ces participant·e·s ont été invité·e·s à transposer leurs parcours de vie à travers des témoignages. Ils ont ainsi travaillé des textes à partir d’une date marquante de leur vie : une naissance, une rencontre, un décès, un licenciement, un concert … à la façon du titre Le 22 septembre de Brassens.
En ce mois de janvier 2021, le collectif ainsi constitué a finalement mis en mots leurs textes « parlés/chantés » dans un studio monté de toutes pièces par Hydrophone dans un local de la Sauvegarde 56. Les artistes Michel Cloup et Julien Rufié les ont accompagnés dans la composition et les arrangements musicaux.
La restitution en public, prévue initialement dans le projet, s’est également métamorphosé. Celle-ci prendra la forme d’un podcast enrichi, élaboré par deux étudiantes de l’EESAB qui ont rejoint le projet.
La détermination (partagée par la Sauvegarde 56, les artistes et Hydrophone) à maintenir ce projet malgré les contraintes actuelles n’a été qu’une réponse logique à un besoin manifeste d’expression et de création des participant·e·s.
Là où la question de l’essentiel et du non-essentiel fait débat, la présence en nombre des participant·e·s rappelle que cette dimension est fondamentale dans un parcours d’insertion, pour se construire ou se reconstruire.