Serge Gainsbourg – L’homme à tête de chou (1976) TYT

Tiphaine Legoupil  à propos de l’Homme à tête de chou de Serge Gainsbourg.

J’ai besoin de toute votre attention pour apprécier une poésie puissante mise en musique au service de ce texte. Voici Serge Gainsbourg et son concept album « L’homme à tête de choux ». 1976, ce quatrième album ne rencontre aucun succès comme les précedents. La critique bon ton ne sait pas quoi faire de cet artiste, il faut dire qu’avec Rock around the Bunker, Gainsbourg c’était vu rangé dans la catégorie des provocateurs vulgaires sans intérêt.

Passion Marilou. Voici l’histoire dramatique d’un homme amoureux fou, débordé par sa passion. On le sent, il reste observateur de Marilou, profite un peu de ses délices. On voit morceaux après morceaux son impuissance monter jusqu’au meurtre, sa seule façon de la dominer. Amour, possession, domination, cet homme à tête de chou est dépassé par ses sentiments énormes, humilié par sa maîtresse. Il finira en hôpital psychiatrique, seul, immobile à observer tourner un insecte, conscient et enfermé dans le drame qu’il a construit.

La dernière phrase résume tout :
« Les parasites de radio poux
ont brouillées les messages, fou
que j’étais de toi, Marilou. »

Magnifique album donc, tout le talent de Serge Gainsbourg, qui annonce sa propre histoire, entre arrogance, envie de maîtrise, quête de reconnaissance, vengeance sur le mépris qu’il a reçu en retour de son talent. Il restera, et surtout pour la puissance de ses premiers albums, un très grand maître de la poésie.

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En intro sur la première piste, un résumé de l’histoire : L’homme à tête de chou (inspiré de la sculpture de Claude Lalane qui illustre la pochette de l’album). L’homme vit de ses publications dans une feuille de chou à scandale. Il abandonne tout pour une belle coiffeuse qu’il rencontre Chez Max, coiffeur pour hommes.

Marilou est une femme libre, elle provoque, elle attire, nous la voyons ici danser publiquement dans Marilou Reggae, avant un peu d’intimité que sera le Transit à Marilou.

Mais la belle n’est pas exclusive et mieux vaut ne pas passer à l’improviste au Roxy hotel : flash forward.

Avec cette image,  l’homme, abasourdi, est moqué, insulté par Marilou ; ses oreilles deviennent feuilles de chou et commence la descente. Premiers symptômes.

Alternance du parlé qui décrit et du chanté qui tente la maîtrise. Après le choc, il la menace pour la garder avec une apparente assurance, en lui affirmant encore son amour, monogame, c’est Ma lou Marilou.

Si elle lui accorde peut-être de ne plus aller en voir d’autres, c’est en solitaire qu’elle fait vibrer son corps. Spectateur impuissant, il se débat avec ses ressentis sur ce qu’il voit, parlant de vice, de narcisse, et multipliant les références à Alice au pays des merveilles. A fleur de peau, les Variations Sur Marilou.

Meurtre à l’extincteur est une déposition factuelle, à chaud. Puis vient la version romancée et ses explications sur une musique légère : Marilou sous la neige, le drame est presque loin.

Guimbarde dans la tête, immobilité et drame, fin de l’homme à tête de chou : Lunatic Asuylum.

 

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