đź–¤ Tu peux partir – Lola44

La terreur du virus ! L’Homme se croit-il donc immortel ? Il fait passer sa santé avant la vie. La vie, le sens de la vie, ça n’a rien à voir avec la longévité ! Passer plus de temps sur Terre, bloqué dans un appart’ en télétravail ! Tout est fait dans notre société pour faire vivre les gens dans la peur. Pourtant, il convient de ne pas avoir peur dans la vie pour ne pas avoir peur dans la mort.

Au milieu de cette rĂ©pression montante, je vais vous parler paisiblement de fin de vie, simplement de la fin naturelle du corps. Je vous propose un texte, issus de mots que j’ai amorcĂ©s avec ma mère Ă  deux ans de sa mort (elle avait 80 ans, rien d’imprĂ©visible). Pour rĂ©pondre Ă  sa question “Je suis foutue ?” j’ai prĂ©fĂ©rĂ© poser la situation sous un autre angle, l’amener Ă  se prĂ©parer paisiblement au passage. Elle avait eu un soupir de relâchement, un sourire bien plus agrĂ©able que la panique de la question.

“Ton âme est puissante, elle doit garder la volontĂ© de partir quand il sera temps”.
A quelques semaines de sa mort, son âme n’avait plus le dessus sur le mĂ©dical. Et je me dĂ©solais de la voir accrochĂ©e Ă  la vie, comme un oiseau dans des barbelĂ©s. Souvent, je lui disais “ tu sais, tu peux partir”.

 

“Maman, tu peux partir maintenant.

Ton enveloppe est fatiguée, usée par tant de vie. Il faut libérer ton âme de cette enveloppe qui a fini son temps. Tu vas prendre une autre forme, quitter la chair qu’on t’a prêtée un temps..
Je sais que tu m’entends.
Alors ce corps, il faut le laisser glisser, il est au bout de ce qu’il pouvait donner.
Il se satisfait des petites gouttes de sucre pour te garder les yeux ouverts, trop ouverts parfois, comme halluciné, je ne sais pas s’ils font encore leur travail. mais tu sens tout ton corps repose sur ses cousins, bien calés, sans efforts, sans mouvement. On te soulève, avec précautions, une jambe pour la laver, raide avec les pieds tendus en pointe, tes orteils qu’on a du mal à assouplir. Un corps qui fut joli à tous les âges, même maintenant patiné par les années, il voudrait se reposer, se ramollir.
Il le fera quand tu l’auras quitté ; il attend paisiblement que ce moment arrive.
Souviens toi comme tu as cru en autre chose que ce temps incarnée pour nos âmes, tu vas rejoindre tes parents, tes amis.
On t’as prêté ce corps agréable, avec des longs cheveux noirs et ces grands yeux bleus magnétiques, une belle silhouette de femme. Hmm, ça me fait sourire ; je repense à ces photos, avec tes sœurs et nous, tes enfants.
Tu te souviens juste avant de naître ? Tu te souviens comme tu avais peur ?
L’inconnu fait toujours peur et puis, une fois passé cette naissance, tout a pris du sens
et l’avant tu l’as vite oublié.
Tu vois , il a très bien bossĂ© ce corps. Et lĂ , ça y est, il a fini son rĂ´le. On le maintient par ce tuyau qui l’alimente et lui fait gagner quelques jours, semaines, quelques mois que je n’espère pas.
Est-ce une vie ?
L’enveloppe te laisse pour la suite, elle va rester ici dès que tu voudras redevenir esprit, une pure vapeur, une lumière. L’enveloppe te laisse aller vers la suite de l’histoire.
Nous sommes tous prêts, nous attendons l’apaisement qui arrive. Tu peux respirer profondément et lentement. Profiter de cet air qui nourri ton corps, quel mystère cette machine de chair.
C’est le moment d’aller, plus loin. Tu nous raconteras, tu nous accompagneras d’une façon différente, bien plus forte, libérée, et posera sur nos lévres des sourires de souvenirs et d’échanges.

La peur fugace de l’inconnu, du grand passage.

Tu te souviens, juste avant de naĂ®tre, tu te souviens comme tu avais peur ?”

TL

Musiques :
Chicano Batman – Color my life
Kristel – Wait for Me
Björk – Violently Happy
Santi & Tugçe – Gelincik
Propollerhead – History Repeating

S’il vous plaît, rapprochez vous de vos anciens, parler leur avant de regretter, touchez les, touchez les très tôt bien avant la maladie. Je crois, j’espère que vous comprenez aujourd’hui, avec ces injonctions à restez loin les eux des autres, comme la distanciation ne fait pas partie de la vie.

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