La fin de l’individu autonome, c’est Alain Supiot qui interroge.
Quand un philosophe publie qu’il redoute, c’est toujours avec beaucoup de précautions par rapport à ce qu’il a analysé. La fin de l’individu autonome ? Comprenez bien que ça fait longtemps qu’on avance dans ce sens. Mais ceux qui ont participé au mouvement ne pensaient pas que leurs descendants seraient à ce point asservis et idiots.
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Le Collège de France est un lieu d’échange de connaissance. Un lieu de connaissances scientifiques qui ne laisse pas de place aux émotions personnelles. Le juriste et philosophe du droit du travail Alain Supiot y est titulaire de la chaire « État social et mondialisation ». Il publie à l’automne 2019 un livre intitulé « le travail n’est pas une marchandise, contenu et sens du travail au XXI e siècle ».
Supiot n’est pas un homme de scoop et ne commente pas les faits de politique sociale à chaud comme nos politiciens sur Tweeter. Mais on comprend dans ce livre que Supiot, sidéré par la désintégration du modèle social, a bien du mal à contenir sa colère, quand nous livre qu’il a « presque honte de devoir rappeler ces données élémentaires ». Trop d’injustices engendrent « un tel mécontentement que la paix et l’harmonie universelles sont mises en danger »…
Je pense que nos décideurs le savent et jouent avec cet élastique pour soumettre encore et profiter.
Alain Supiot résume ainsi « Ce n’est ni en défaisant l’État social, ni en s’efforçant de le restaurer comme un monument historique que l’on trouvera une issue à la crise sociale et à la crise écologique. C’est en repensant son architecture à partir du monde tel qu’il est et tel que nous voudrions qu’il soit. Et, aujourd’hui comme hier, la clef de voûte sera le statut accordé au travail ».
Donc un livre de chevet qui fait du bruit : Le travail n’est pas une marchandise, de Alain Supiot.
Ceci est un constat scientifique : notre système économique crée des pénuries et alors tout devient marchandise : l’eau, l’air, les graines, le vivant, la santé, les cerveaux, le raisonnement, la liberté, la vieillesse…
Et le système a besoin de carburant humain. Pas forcément beaucoup de gens, ou plutôt il a besoin de gens qui n’aient aucune autonomie dans leurs envies, leurs réflexions, leurs rêves, leur avenir. Le système les fabriquent pour qu’ils souhaitent, qu’ils pensent, qu’ils envient ce qui a été prévu pour eux et qui fera tourner la roue. Des hamsters frustrés et heureux dans la définition novlangue de l’être humain de seconde zone, l’être majoritaire en nombre. Je vous dis tout ça tel que constaté par les scientifiques, uniquement pour changer collectivement les choses en conscience, que vous soyez ou non un décideur. Pour les décideurs, il y a deux façons de rentrer dans l’Histoire, en sauveur ou en monstre. Pour les humains, il est peut-être encore temps de rester l’humanité.
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Je n’ai pas vu mourir mes idoles, du moins, à l’époque, je n’étais pas aussi proche d’elles. Mes idoles avaient 10 ans de plus que moi et ne m’avaient pas sussuré à l’oreille un flow monocorde sur une instru posée et rageuse, je ne regardais pas en boucle leurs univers si proche du mien, de mes questions. Mon malaise d’ado me projetait quelque part dans le monde qui galopait déjà mais que je regardais s’approcher avec impatience. Aujourd’hui, le malaise d’ado ne projète dans rien … de connu. Un monde d’adultes puérils, de stratèges auto-centrés, sans avenir. Alors voilà, Népal, est mort et le rap conscient est en deuil. Reste ses textes, son histoire encapuchée, tous les gens qu’il a porté dans l’anonymat, un bosseur rageur de la 75ieme section.
Laissez moi vous dire que la jeunesse s’exprime et qu’elle n’est pas prête de s’arrêter.
Musique
MoHican – Les Idées brûlent
Grand Master Flash – the message
Edgär – Two trees
Wiiliam Z Villain – Is ther anybody gonna move ?
Nepar feat Gracy Hopkins– 150 cc
Gojira – The Wild Healer
Idée de lecture
Alain Supiot, le travail n’est pas une marchandise (collège de France) 2019