La Note Blanche raconte la Nouvelle-Orléans en musique :
(Deuxième partie)
La Note blanche est de retour sur les ondes de Radio Balises afin d’entamer notre deuxième partie sur l’histoire de la musique à la Nouvelle-Orléans …
Suite à notre premier périple à la Nouvelle-Orléans, nous nous pencherons de plus près sur les débuts du métissage dans le jazz. Rappelez vous qu’avec son histoire marquée par une tradition de mélange des races et des cultures, la Nouvelle-Orléans était l’endroit tout indiqué pour inventer le jazz.
Le Pianiste et chef-d’orchestre ayant participé à la création du jazz à la Nouvelle-Orléans, Jerry Roll Morton eut recours aux rythmes caribéens dans ses compositions. Ainsi, rappelons également que La Nouvelle-Orléans est fortement métissée à cause de son atmosphère cosmopolite. Dans l’émission précédente nous avons vu que la musique africaine est arrivée à la Nouvelle-Orléans avec le commerce triangulaire qui mêlaient une population d’origines diverses comme la France, l’Afrique ou encore, Les Caraïbes. Par conséquent, dans les années 1920, sur les enregistrements, Jelly Roll Morton jouait souvent de la main gauche un rythme latin appelé habanera (ou havanaise en français). De son vrai nom Ferdinand Joseph Lamothe, Jelly Roll Morton a souvent prétendu qu’il avait inventé le jazz…Si on peut on lui attribuer au moins la paternité, il est vrai qu’il a eu une influence décisive sur les premiers styles. Morton avait beaucoup de succès auprès des femmes et il doit son surnom « Jelly Roll » à sa partie préférée de l’anatomie féminine… Je vous laisse le privilège de le deviner ! Morton est surtout connu pour les enregistrements qu’il réalisa à Chicago en 1923 (peu de temps après s’y être installé) avec les Red Hot Peppers. Auparavant, il avait joué à la Nouvelle-Orléans de l’après-Bolden comme Louis-Amstrong et King Olivier puis il avait effectué de nombreux séjours sur la côte Ouest entre 1917 et 1922. Par ailleurs, Morton était fier de ses origines créoles, africaines et européennes ainsi que de ses connaissances musicales qui allaient de la musique classique au folklore international puis aux accents latins.
L’histoire de Jerry Roll Morton nous a montré que le Melting-pot culturel comparable à la Nouvelle-Orléans du début du XXe siècle fut New-York. Mais Au tout début du XXe siècle, le jazz naquit essentiellement du bouillon de culture musical de la Nouvelle-Orléans grâce au carnaval par exemple, qui était une véritable représentation du melting-pot musical. A la fin des années 1910 et au début des années 1920, le centre de gravité de cette musique se déplaça vers Chicago. Une scène de jazz pleine de vitalité s’y installa , notamment dans les quartiers sud appelés South side. Et de là je pars vous définir “Le jazz Nouvelle-Orléans” (ou le “New Orleans Jazz”), un courant musical du jazz qui s’est principalement développé à La Nouvelle-Orléans. C’est bien là qu’est né le jazz dans les années 1910 avant d’émigrer vers Chicago et avant de s’éclipser face au middle jazz vers la fin des années 1920. Un mouvement de « revival » (résurrection) apparu grâce à ces initiés qui sont entre autres Louis Armstrong et Kid Ory dans les années 1940 en réaction au bebop naissant. Il est proche d’un autre courant de jazz du début du siècle appelé le Dixieland. Cette musique est issue principalement du Blues et du Ragtime. Le « New Orleans » est à la base une musique qui se joue dans la rue. On retrouve comme instruments la trompette, la trombone, la clarinette, le tuba, les percussions, (parfois très prononcées comme dans les Brass Bands) et pour finir parfois un banjo ou une guitare. Les cuivres sont également très présents dans ce type de formation. Le saxophone commence à se développer dans ces groupes puisqu’il n’était pas accepté dans les orchestres symphoniques car ce n’était pas un instrument noble. Quand le « Jazz New Orleans » va rentrer dans les cabarets, les instruments vont se sédentariser. Par exemple, l’ajout du piano et de la batterie, des instruments phares et typiques inventés par le jazz.
Après toutes ces légendes sur la Nouvelle-Orléans, je vous raconterai une petite légende urbaine qui va sans doute vous faire frissonner… Connaissez-vous le démon des carrefours ? Savez-vous que ce vilain démon a déployé ses forces à la Nouvelle-Orléans ? La Nouvelle-Orléans est une ville musicale mais aussi très mystique ! L’atmosphère cosmopolite de la ville a donné naissance à la pratique du vaudou, du woudou, une forme de magie antillaise pratiqué dans le vieux carré ainsi qu’au chamanisme pratiqué par les indiens puis à la sorcellerie en général. C’est grâce à cette effervescence spirituelle de la ville et à cette légende urbaine que je vais vous raconter l’étrange histoire du bluesman Robert Johnson … Robert Johnson était “Le mythe du blues” . Chanteur et guitariste né au fin fond du Mississippi, ce musicien était plus qu’un emblème du blues, il en est devenu le mythe. Alors pourquoi d’après vous ? Pour la petite histoire, Robert Johnson était un véritable génie mais il a eu une vie plus que mouvementée. A l’origine de son talent, des bruits courts comme quoi Robert Johnson aurait vendu son âme en pactisant avec le diable à un carrefour. Dans la légende, on l’appelle plutôt « le démon des croisements ». Afin de devenir un virtuose et en échange de son âme, le musicien demanda au démon de lui donné l’inspiration et la talent. Tous les éléments du mythe se retrouvent tout d’abord dans sa vie : une mort prématurée , une passion fatale pour les femmes, un doigté inouï capable de faire pleurer n’importe qui, la mort de son bébé et de sa femme de 16 ans pendant l’accouchement, le tout sur un fond de misère et de grands-parents esclaves. Post mortem, il devient une source d’inspiration pour des grands comme Muddy Waters, John Lee Hooker, Elmore James, Robert Lockwood, les Rolling Stones, Eric Clapton, Jimi Hendrix…
Entre mythe et légende, sa musique reste immortelle et reste un des plus grands symboles du blues. Par conséquent, nous allons maintenant découvrir sa musique avec le titre « Cross road » qui signifie littéralement « chemin de traverse », « Croisement » ou « carrefour ». Ce morceau raconte donc l’histoire de son pacte. Les paroles décrivent le narrateur en train de faire de l’auto-stop à un carrefour alors que la nuit tombe. Mais en les associant à la légende de la courte vie et de la mort de Robert Johnson, elles deviennent une description de la métaphore de la croisée des chemins où l’homme attend le diable pour lui vendre son âme en échange du succès en tant que chanteur de Blues. Un autre Delta bluesman, Tommy Johnson, sans lien de parenté avec Robert, prétendait l’avoir fait. Cette légende est également cohérente avec les croyances religieuses africaines à propos de Papa Legba, un sorcier très respecté par les pratiquants du vaudou. Bien que l’idée d’un Robert Johnson vendant son âme au diable soit fascinante, la chanson décrit concrètement la réalité vécue par les Afro-Américains du Sud profond au début du xxe siècle. L’historien Leon Litwack suggère que la chanson raconte la peur ressentie par les Noirs à l’idée de se faire surprendre seuls dehors après la tombée de la nuit.
C’est reparti, retour dans le passé pour un voyage aux sources du jazz dans la Note blanche !
Playlist :
- Générique : « Musicawa» The Daktaris
- Mixe 1 : Jerry Roll Morton 1)« New Orleans joys »2)« Grandpa’s spells » (A stomp) » 3)« The Pearls »(10’00)
- Mixe 2 :Louis Armonstrong 1)« New Orleans stomp »2)« Way down yonder in New-Orleans » 3)« Christmas in New-Orleans » (14’00)
- Mixe 3 : Sidney Bechet 1)« Egyptian Fantasy» 2)«Preachin’ blues» 3)« Souvenirs de la Nouvelle-Orléans » (12’00)
- Mixe 4 : Robert Johnson: 1)« Crossroad blues » 2) « Me and the devil » 3)«Love is vain» 4)«Hellhound on My Trail » (10’00)
- Mixe 5 : 1)« Can I Be your squeeze » Chuck Garbo 2)« Check your Bucket » d’Eddie Bo 3)« Dap walk » d’Ernie & The Top Notes (7’58)
- Générique : « Musicawa» The Daktaris
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